Quel âge a l'œil de l'Afrique ?

18 Juillet 2024

Une étude publiée en juin 2024 dans la revue Lithos retrace la datation et l’histoire géologique d’une structure géologique particulière : l’œil de l’Afrique. Hervé Bertrand, du Laboratoire de géologie de Lyon, a participé à cette étude.

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Considérée par certains comme l’emplacement de l’Atlantide évoquée par Platon ou par d’autres comme une cité extraterrestre, la structure de Richat en Mauritanie est l’une des formations géologiques terrestres les plus visibles depuis l’espace. Sa forme concentrique intrigante et spectaculaire lui a valu le surnom « d’œil de l’Afrique ».
Sa forme et sa composition restaient énigmatiques pour les géologues. L’étude a ainsi pour objectif de retracer l’histoire de la formation de la structure de Richat à partir de données chronologiques et géochimiques.

Image : Carte géologique de la structure de Richat
Crédits : Abdeina et al., 2024

Les analyses ont porté sur différentes formations géologiques qui composent la structure de Richat, et notamment les gabbros, une des roches principales qui composent la croûte terrestre. Ces roches magmatiques sont formées lors du refroidissement de magma suite à une éruption volcanique.

Les chercheurs ont utilisé la datation 40Ar/39Ar des plagioclases, un minéral contenu dans les gabbros, pour dater les roches. Les analyses ne permettent pas de donner d’âge précis, mais suggèrent que la structure de Richat s’est formée au cours de deux épisodes distincts espacés de 100 millions d’années.
Le premier épisode se situe au début du Jurassique, entre 230 et 200 millions d’années, soit à la même période que la formation de la province magmatique centre Atlantique (CAMP) et s’exprime par l’intrusion des gabbros dans des roches sédimentaires plus anciennes. Les analyses montrent que la composition géochimique des gabbros correspond aux groupes chimiques les plus répandus dans la CAMP.

Dans un deuxième temps, de nouvelles roches magmatiques, dont des carbonatites, riches en carbone, et des roches alcalines, se sont mises en place en profondeur dans la structure avant de subir une érosion importante. Cette suite d’événements a conduit au soulèvement et à l’érosion de l’ensemble de la structure et lui a donné la forme qu’on lui connaît aujourd’hui.

Lien vers le communiqué de presse de l'Université de Brest