Un refroidissement global est responsable de la biodiversification de l’Ordovicien
Une équipe de recherche, dont fait partie Bertrand Lefebvre du LGL-TPE, a utilisé une nouvelle approche pour tenter de résoudre l’énigme de la biodiversification de l’Ordovicien. Les chercheurs ont couplé un modèle numérique de climat avec un modèle macro-écologique basé sur la théorie METAL, une théorie scientifique qui a pour objectif de comprendre comment la biodiversité s’organise sur notre planète. Ces travaux ont été publiés dans la revue Nature Communications.
Fossile de Furca, arthropode de l’Ordovicien, découvert dans le massif de Fezouata, au Maroc.
(Image : Emmanuel Martin, LGL-TPE, CNRS Images)
Les scientifiques ont simulé la biodiversité océanique de surface entre 490 et 430 millions d’années avant l’actuel (Ma), c’est-à-dire depuis la fin du Cambrien, durant l’Ordovicien (485–443 Ma) et le début du Silurien. Un premier résultat majeur a montré la présence d’un gradient de biodiversité inversé par rapport à la période contemporaine à la fin du Cambrien (490 Ma). La période était si chaude que les températures aux basses latitudes limitaient la biodiversité. Un second résultat important a montré que le refroidissement progressif lors de l’Ordovicien a altéré ce patron de variabilité de la biodiversité à grande échelle formant graduellement un patron plus conforme à la période moderne. Ce phénomène de réorganisation de la biodiversité s’est accompagné d’une augmentation du nombre d’espèces à l’échelle globale, expliquant ainsi le Grand Évènement de Biodiversification de l’Ordovicien par la diminution progressive des températures.
Ces résultats suggèrent également que l’élévation globale des températures pourraient s’accompagner d’une réorganisation planétaire majeure de la biodiversité, avec une augmentation de la biodiversité dans les régions extratropicales et une diminution vers l’équateur. De manière similaire, une publication précédente utilisant le même modèle suggère que le gradient de biodiversité devrait donc soit s’aplanir si l’augmentation reste autour des 2°C ou au contraire commencer à diminuer plus fortement dans les régions chaudes si le réchauffement climatique n’est pas rapidement maitrisé.