ANR SEBEK

Succès évolutif des crocodiles ressemblant à des dinosaures théropodes (sébécosuchiens) au sortir de l'extinction de masse fini-crétacée

Financement : ANR, 298 509 € (référence ANR19-CE31-0006-01)

Coordinateur: Jérémy Martin, LGL-TPE

Établissement porteur : CNRS

Durée : 2019-2024

Lien vers le site ANR du projet

Résumé du projet

La crise biologique de la fin du Crétacé, il y a 66 Ma, a affecté les environnements marins et continentaux à une échelle globale. Les crocodiliens sont emblématiques puisqu’ils ont survécu, du fait de leur physiologie particulière et de leurs adaptations à l’environnement aquatique. Un autre groupe de crocodiliens, les Sébécosuchia, semble purement terrestre et leur survie à cette crise remet en cause les influences des facteurs abiotiques sur la biodiversité. Les sébécosuchiens sont en effet interprétés comme des analogues morphologiques des dinosaures théropodes non-aviens ; mais pourquoi les sébécosuchiens ont-ils survécu alors que ces dinosaures ont disparu ?

Les Sébécosuchia sont représentés par des formes diverses, provenant de dépôts continentaux du Crétacé et du Cénozoïque. Ils sont essentiellement distribués dans le Gondwana, c’est-à-dire les masses continentales du Sud. Leurs fossiles ont été principalement signalés en Amérique du Sud et en Afrique. Au cours de leur histoire évolutive, les sébécosuchiens ont également migré en Laurasie, comme en témoignent les archives fossiles européennes. Les relations phylogénétiques des Sébécosuchia sont fluctuantes mais, en fonction des résultats, les lignées principales incluent les Baurusuchidae (Crétacé), les Peirosauridae (Crétacé) et les Sébécidae (Cénozoïque). Bien que les spécimens de sébécosuchiens soient représentés par des individus assez complets dans les dépôts continentaux du Gondwana, en comparaison ceux retrouvés en Europe sont fragmentaires. Cependant, l’Europe représente un «point chaud» unique pour les sébécosuchiens car elle abrite, dans un espace restreint, plusieurs affleurements fossilifères provenant des deux côtés de la limite entre le Crétacé et le Paléogène. Ainsi, les nouvelles découvertes de sébécosuchiens en Europe représentent une opportunité de stabiliser leurs relations phylogénétiques internes et de déverrouiller notre compréhension de la transition évolutive du groupe lors d’un événement d’extinction majeur. Dans le cadre du projet SEBEK, notre équipe étudiera des sites fossilifères du sud de la France ayant présenté des indices de présence de sébecosuchiens.

L’objectif principal du projet sera, par le biais d’une approche multidisciplinaire s’appuyant sur des études géochimiques et anatomiques, de tester l’hypothèse de la terrestrialité des Sébécosuchia et de réévaluer les liens évolutifs entre la biosphère et les facteurs abiotiques avant et après la fin de l’extinction de masse du Crétacé. Grâce à un travail collaboratif international, des échantillons d’Amérique du Sud, d’Afrique du Nord et d’Europe seront analysés dans le cadre du projet SEBEK. Les isotopes légers et non traditionnels seront mesurés dans l’émail des dents des sébécosuchiens et des faunes associées afin d’évaluer leur mode et leur cadre paléoenvironnemental (isotopes de l’oxygène et du strontium) et leurs préférences diététiques (isotopes du calcium et du carbone). Les preuves anatomiques de leur mode de vie et de leur comportement seront rassemblées à partir de données de micro-tomographie par rayons X de spécimens crâniens, de l’anatomie comparée du squelette appendiculaire et de l’histologie comparée. Ces approches permettront de former un doctorant et de recruter un chercheur en postdoctorat. Pris dans leur ensemble, nos résultats fourniront, pour la première fois, une compréhension sans précédent de la paléobiologie des Sébécosuchia, un groupe sans analogue moderne.

Figure : crâne de Hamadasuchus analysé par Yohan Pochat-Coutilloux pendant sa thèse (Pochat-Cottilloux et al., 2023)

Liste des membres du LGL-TPE impliqués :

Lien vers la vidéo du CNRS dédiée à ce projet (à venir)